Quand vouloir tout contrôler devient un refuge
Quand vouloir tout contrôler devient un refuge
retrouver la sécurité autrement par le lien à son corps

Il y a celles qui organisent tout, qui prévoient, qui anticipent le pire pour éviter d’être prises au dépourvu.
Celles qui ont besoin de savoir à l’avance, qui cadrent, qui tiennent.
Celles qui, souvent, prennent soin de tout le monde… sauf d’elles-mêmes.
Ce besoin de contrôle est parfois si intégré qu’il passe inaperçu : on croit simplement être rigoureuse, organisée, fiable. Et pourtant, en arrière-plan, il y a souvent une tension invisible — une peur sourde, une forme de méfiance envers l’imprévisible, une sensation que tout pourrait déraper si l’on ne garde pas la main.
Mais vouloir tout contrôler n’est pas une faute de caractère.
C’est un mécanisme profondément intelligent, forgé tôt dans nos histoires, pour survivre à un environnement qui ne nous permettait pas toujours de nous sentir en sécurité.
Dans cet article, je vous propose de revenir aux racines de ce besoin de contrôle — avec douceur, sans jugement — et de découvrir comment le lien au corps peut devenir une nouvelle base de sécurité, plus profonde, plus apaisante.
Vouloir tout contrôler : une réponse à l’insécurité
Quand on ne se sent pas en sécurité à l’intérieur, on tente souvent de sécuriser l’extérieur.
C’est une stratégie d’adaptation. Enfant, nous n’avons pas toujours eu les conditions nécessaires pour nous sentir pleinement accueillies : un parent instable émotionnellement, des changements brusques, des attentes contradictoires, une peur de déranger, un silence face à nos besoins… Tout cela peut créer une insécurité émotionnelle difficile à nommer.
Face à cela, nous développons des façons de tenir. Pour certaines, c’est la rébellion. Pour d’autres, le retrait. Et pour beaucoup, c’est le contrôle.
Tout contrôler devient un moyen de :
- Prévoir l’imprévisible, parce que l’inattendu a pu être douloureux.
- Maîtriser ses émotions, parce qu’elles n’étaient pas entendues ou acceptées.
- Être irréprochable, parce que l’amour semblait conditionné à une forme de perfection.
- Créer un cadre stable, là où l’intérieur se sentait vulnérable.
Sur le plan corporel, cela se traduit souvent par :
- un ventre tendu qui retient les émotions,
- une respiration haute ou bloquée,
- des mâchoires serrées,
- une fatigue nerveuse persistante malgré un sommeil "correct",
- une difficulté à lâcher sans se sentir en danger.
Le besoin de contrôle n’est donc pas un caprice. C’est une tentative d’autorégulation.
Mais avec le temps, cette stratégie devient une prison intérieure : plus on tente de tout maîtriser, plus on se coupe de ses ressentis, de sa spontanéité, de sa capacité à recevoir.
Le corps reste alors en alerte, sans possibilité de relâchement profond.
Une autre sécurité est possible… mais elle ne passe pas par le mental
C’est là que le paradoxe surgit : ce que l’on cherche à travers le contrôle — la sécurité, la stabilité, la clarté — ne peut pas être atteint par la seule force du mental.
Car le sentiment de sécurité est une sensation, pas une idée.
Il se tisse dans le corps.
Dans l’expérience sensorielle d’un appui stable, d’une respiration qui circule, d’une présence bienveillante autour de soi.
Il naît quand le corps peut enfin se déposer, sans vigilance excessive.
Or, la bonne nouvelle, c’est que ce sentiment-là peut se reconstruire.
Même si l’on n’a jamais connu de vraie sécurité, ou si elle s’est effondrée un jour.
C’est ce que propose l’accompagnement psychocorporel : retrouver des appuis intérieurs à travers l’expérience du corps.
Le toucher, l’écoute, la respiration, le lien thérapeutique stable… viennent réactiver ces repères enfouis, parfois inconnus.
Pas à pas, le système nerveux sort de l’hypervigilance. Et ce que l’on tenait de toutes ses forces peut commencer à se déposer sans peur de s’effondrer.
Une pratique d’ancrage pour relâcher la vigilance
Je vous propose ici une courte pratique corporelle centrée sur le bassin, un espace-clé pour l’ancrage, la stabilité et la confiance.
Pratique : Se relier au poids du bassin
- Asseyez-vous confortablement, de préférence sur une chaise stable. Posez vos pieds bien à plat au sol.
- Prenez un temps pour fermer les yeux ou baisser le regard, et portez votre attention sur les points de contact entre votre bassin et l’assise.
- Sentez comment votre poids est soutenu. Est-il réparti de manière symétrique ? Tendez-vous pour “tenir” ou pouvez-vous laisser faire la gravité ?
- Respirez tranquillement, et à chaque expiration, laissez un peu plus votre bassin se poser. Imaginez qu’il s’alourdit légèrement, qu’il “fond” dans l’assise.
- Vous pouvez ajouter une image : visualisez un poids chaud et stable dans le bas de votre ventre, qui vous ancre doucement.
- Restez quelques minutes avec cette sensation. Observez ce que cela change. Au niveau de votre respiration. De vos battements cardiaques. De vos zones de contraction. De votre attention.
Cette pratique peut paraître simple. Mais répétée régulièrement, elle remet du poids et de la présence dans le corps, au lieu de tout laisser au mental. Elle rééduque la sécurité par l’expérience directe.
Vous n’avez pas besoin de tout contrôler pour être en sécurité.
Vous avez besoin de vous sentir reliée à vous-même.
Et ce lien-là, le corps peut vous aider à le retrouver.
L’accompagnement psychocorporel propose un cadre sécurisant, respectueux, lent, dans lequel votre corps peut enfin parler, relâcher, déposer ce qu’il tenait depuis trop longtemps.
C’est dans cette expérience — celle d’un contact bienveillant, d’un souffle qui se libère, d’un poids qui revient dans le bassin — que peut émerger une forme de confiance plus profonde.
Pas celle qu’on construit à la force du poignet.
Celle qui naît d’une sensation simple : je suis là, présente et soutenante pour moi-même.
Clémentine Voos
le corps en présence - accompagnement psycho-corporel & massage intuitif
17 rue de Lancry 75010 paris